Voir le trailer

Le mystère des Désenchantées

HD
Genre
Documentaire-fiction
Scénario
Alain Quella-Villéger, Didier Roten, François Vivier
Réalisation
Didier Roten et François Vivier
Production
52 minutes
Année de production
2015

Disponible DVD / VOD

Louer

En septembre 1903 Pierre Loti prend le commandement d’un navire au large d’Istanbul. Sa nomination et son retour en Turquie ne sont  pas dû au hasard ; la diplomatie française œuvre en faveur de réformes et le sultan Abdul-Hamid a de l'estime pour l'aca­démicien turcophile. Loti est au sommet de sa gloire. En Turquie, il est une véritable idole particulièrement auprès de la gente féminine qui s’identifie toute entière à la belle Aziyadé, l’héroïne romantique d’un de ces premiers romans. Trois jeunes femmes de la haute société stambouliote entrent secrètement en contact avec lui. Ces fantômes noirs, comme il les appelle, épris de liberté, d'apprendre, d'agir et d'aimer à leur guise, lui demande d’écrire un livre en faveur de l’émancipation de la femme turque. Loti, le nostalgique de l’empire Ottoman, défenseur de l’ordre ancien, ami inconditionnel de l’islam, accepte et compose « Les désenchantées ». Le livre paraît en 1906 et remporte un immense succès.

En janvier 1906, deux de ses femmes, Zennour et Nouryé Noury Bey, quittent secrètement Constantinople. Ce sont en réalité les filles d’un des ministres du sultan qui lance ses hommes à leur trousse. Avec l’aide de complices les fugitives sillonnent l’Europe faisant la ‘‘Une’’ de la presse international. Le drame familial est devenu affaire d’État et fait écho à ce qui est une grande question de société à la Belle-Époque et le demeure aujourd’hui pour le féminisme : la condition des musulmanes. « Vous êtes de grandes révolutionnaires » leur lance un journaliste français. Révolutionnaires ou désenchantées ? Elles vont être soutenues par des personnalités marquantes comme l’anglaise Grace Ellison, la poétesse Renée Vivien, Rodin, Barrès, et bien sur Pierre Loti. Leurs correspondances offrent la vision d’Orientales surprises par la société qu’elles découvrent. Nouryé se mariera et restera vivre en France tandis que Zennour ne supportant pas le choc de l’exil rentrera en Turquie et finira par se suicider…

Mais qu’est-il advenu de la troisième femme Djénane ?  La plus mystérieuse, celle dont Loti n’a jamais pu voir le visage, celle dont les lettres forment littéralement la trame de son best-seller. Il est persuadé qu’elle s’est donné la mort comme en témoignent les derniers mots qu’elle lui écrit avant que le poison ne fasse son effet et qui concluent dramatiquement le roman. Et pourtant… En 1924, quelques mois après la mort de l’écrivain, paraît « Le secret des désenchantées ». Ce livre raconte, documents à l’appui, comment Pierre Loti a été l’objet d’une supercherie menée de main de maître par Marie Léra, auteur de ces révélations sous son nom de plume Marc Hélys, journaliste féministe française, et deux de ses amies turques et musulmanes. C’est l’envers des Désenchantées dévoilé enfin par celle qui fut Djénane… Flash-back : au printemps 1904, Marie Léra fait étape à Constantinople pour rendre visite aux sœurs Noury Bey. Ces dernières font partie de cette nouvelle génération de jeunes filles turques privilégiées, éduquées par des préceptrices européennes, maîtrisant plusieurs langues. Cet éveil à d’autres cultures les ont emmenées à reconsidérer le sort que leur réserve le monde musulman d’alors. Sachant Loti présent à Constantinople, c’est par amusement et défi mais aussi pour briser l’ennui qui caractérise leur vie quotidienne, que les trois amies décident de le rencontrer. C’est Marie Léra qui lance l’idée…

Malgré cette usurpation originelle, « Les désenchantées » atteignent leur objectif et témoignent avec force et efficacité de la condition féminine turque, en dénonçant le mariage arrangé, la soumission à l'époux et le système fami­lial traditionnel lui-même, sans pour autant critiquer directement ni l'islam, ni la Turquie.

Ironie de l’histoire, c’est dans ce pays qui va bientôt connaître la révolution d’Atatürk que les femmes vont, et ce bien avant leurs "sœurs françaises", obtenir le droit de vote et une certaine égalité sociale.


Distribution

Avec Selin Altiparmak, Livia Arditti, Sophie Fougère, Raphaël le Mauve / Musique : Pascal Ducourtioux / Montage : Philippe Constancin / Coproduction Anekdota - Histoire - France Télévisions / Avec le soutien du CNC, du Département de la Charente-Maritime et de la Région Poitou-Charentes / Lauréat du Prix Moovin de la CdA de La Rochelle / A suivre sur www.femmes-istanbul.fr